SLOOP3: Unité Modèle

Poche/Gve
Mise en scène/chorégraphie:
Durée: minutes

Lieu et année de création: Poche/Gve, Genève – 2016

Ce soir, nous vous présentons la cité Diorama. Diorama, c’est plus qu’un simple quartier résidentiel. C’est une ville dans la ville. Un cadre de vie moderne et personnalisé prêt à accueillir les plus beaux moments de votre existence. Diorama, c’est un restaurant pour votre premier rendez-vous, un parc ensoleillé pour vos week-ends en famille, un appartement tendance pour vos soirées entre amis. Diorama, c’est votre histoire. Nous l’avons rêvée pour vous. Vous verrez. Vous allez adorer vivre ici. Deux représentants tiennent conférence pour présenter un complexe immobilier dernier cri. À travers le récit d’une histoire d’amour, de la rencontre à la déliquescence du couple, mêlant démonstrations publicitaires et jeux de rôles, ils nous invitent à découvrir la cité sous tous ses aspects, de ses appartements modernes à ses espaces verts en passant par ses salles de sport et ses restaurants. Avec une justesse inquiétante et un humour décapant, Guillaume Corbeil dresse le portrait de notre société, entre ses possibles et ses dangers, ses aspirations et ses ambiguïtés, ses tendresses et ses hypocrisies. EXTRAIT D'ENTRETIEN AVEC L'AUTEUR La phrase qui frappe sans doute le plus dans le discours publicitaire que vous inventez est : « Il était une fois votre vie. » Selon vous, quelle(s) place(s) tiennent aujourd’hui la fiction et l’autofiction dans notre rapport au temps, à l’identité, à l’altérité, à l’intimité ? À quel point et à quel prix a-t-on besoin de rêver ? Le papier glacé et l’écran rendent les images lumineuses, comme l’idée qu’on se faisait du paradis. À côté d’elles, le réel nous paraît terne. Lorsque je croise un acteur qui joue à la télévision, souvent je tressaille, comme si j’avais vu une apparition ou un ange. Le monde de l’image nous séduit aussi par sa simplicité et sa cohérence. Il place le personnage principal au centre. Aujourd’hui, c’est là notre plus grand fantasme : devenir l’objet d’une fiction, être raconté, pour non seulement vivre dans un univers cohérent, mais qui tournerait autour de nous. Toute la publicité de Facebook est construite autour de ce fantasme. Votre profil n’est pas seulement une interface de communication, c’est une interface narrative, qui vous raconte dans un texte de photos et de statuts. Si le réel est complexe et nous échappe, notre être aussi, et échapper à soi-même représente aujourd’hui un signe de faiblesse, voire un échec. La plus grande qualité n’est-elle pas de rester soi-même ? Voire d’être soi-même. Les intérieurs des habitations vendues par mes personnages — tout comme ceux vendus par leurs alter ego réels — s’offrent comme des décors de théâtre. Dans cette cuisine, dans ce salon, on devient enfin quelqu’un. Il s’agit de scénographies qui précisent le sens des êtres qui s’y agitent en leur offrant une forme prête-à-être. Vous mentionnez le slogan //Il était une fois votre vie //, celui auquel moi je me réfère souvent c’est : // Le reflet de votre image //, et pour ne pas avoir l’air de vanter ma propre écriture ici, je préciserai que je n’ai pas l’honneur de l’avoir inventé : il provient d’un réel prospectus. On l’avait placé au centre d’une page double — il n’y avait que ça, en grandes lettres blanches sur fond noir. J’ai ressenti un immense vertige. Votre habitation est un miroir qui vous renvoie votre image, c’est-à-dire l’idée que vous vous faites de vous-mêmes. L’être disparaît sous sa propre fiction pour faire place à un personnage. SLOOP3 Trois comédies québécoises et un drame suédo-tunisien nous racontent les crises de l’intime contemporain. D’un côté, la radicalisation de la norme, le bonheur-marchandise, l’existence mappée par les architectes de la réussite, les designers de l’épanouissement, les ingénieurs de l’amour et les développeurs de l’indépendance. De l’autre, les démons que l’on porte en nous, nos // i-monsters //, avatars monstrueux tapis dans des recoins de plus en plus retranchés de nos êtres, qui nous dérangent et nous empêchent de correspondre-à, de nous fondre-dans, d’être reconnus-comme. C’est au risque d’abandonner le politiquement correct, de froisser la bien-pensance et de heurter les bons sentiments que les quatre auteurs du sloop3 nous font entendre, voir et ressentir, sans concessions et dans toute sa complexité, notre (in)humanité. Pour ce faire, ce n’est pas moins de quatorze rôles que se partageront les cinq acteurs du sloop, un défi d’interprétation et de mise en scène qu’a accepté de relever le collectif d’artistes formé au POCHE /GVE pour l’occasion. D’un texte à l’autre, d’une performance à l’autre, ils nous réjouiront à la fois d’une prouesse artistique et d’une authentique pensée à l’oeuvre.

Poche/Gve
4, rue de la Boulangerie
1204 Genève
Suisse

+41 22 310 42 21
poche---gve.ch

Langues (versions disponibles du spectacle)

Auteur·ices
Guillaume Corbeil

Production
Poche/Gve

Création
Poche/Gve, Genève
Le 14 novembre 2016

Assistanat à la mise en scène
Lucile Carré
Interprétation
Céline Nidegger
Julien Jacquérioz
Scénographie
Sylvie Kleiber
Lumière
Jonas Bühler
Musique
Andrès Garcia
Costumes
Paola Mulone
Maquillage
Katrine Zingg
Dramaturgie
Pauline Peyrade

Aucune représentation

Poche/Gve, Genève
14 novembre 2016 au 29 janvier 2017

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