Más distinguidas, 1997 Reprise

La Ribot Ensemble
Mise en scène/chorégraphie: La Ribot
Durée:

Lieu et année de création: 1

Más distinguidas, de La Ribot rassemble les numéros 14 à 26 des Pièces distinguées, la première eut lieu en octobre 1997 à Madrid. Suivant le motif mis en place dans les 13 Piezas distinguidas, chaque pièce débute avec La Ribot nue qui manipule un objet, moteur de l’action. Le corps reste paradoxalement à la fois objet (instrument chorégraphique) et sujet : vulnérable et vivant, il constitue le pôle opposé à l’attirail d’objets inanimés de Más distinguidas. Les pièces affichent leur filiation à la fois dada et conceptuelle. « Si Narcisa (n°16, 1996), par exemple, fait référence à Magritte et à sa pipe, Divana (n° 25, 1997) s’amuse du travail d’Yves Klein et de John Cage. Vêtue d’un costume bleu-marine grotesque et portant une perruque, La Ribot est assise sur scène, tenant un petit ventilateur à batteries et un chronomètre, et exhorte le public à tenter quatre minutes d’immobilité. La première minute est dédiée à la ‘réflexion’, la suivante à la ‘méditation’, la troisième à la ‘contemplation’, tandis que la dernière l’est simplement à un ‘silence’. (…) Ce silence qui, comme nous l’a révélé Cage, n’a pas besoin d’un éclat transcendantal afin d’accéder à l’état d’objet esthétique. » (Rachel Withers) L’artiste se joue avec ironie du langage de la danse en se moquant du caractère grave et disciplinaire du ballet (19 equilibrios y un largo, n°19, 1997 ; Missunderstanding, n°24, 1997). Si la différence entre spectateur et danseur se brouillera par la suite dans le travail de La Ribot, la délimitation théâtrale qui sépare l’espace scénique du public reste encore présente dans Más distinguidas. Dans les soli de Más distinguidas, la posture centrale et frontale de l’artiste, à la fois auteure et interprète qui règne en maîtresse de cérémonie absolue sur un public tenu à distance, souligne sa force de distinction, tour à tour révélée et mise en péril par son jeu absurde avec les objets : si le miroir coulissant de Sin Título IV (n°17, 1997) permet à l’artiste de capturer le regard voyeur du spectateur, le poulet en caoutchouc tourne sa vanité en ridicule (Sin título III, n°23, 1997). Cette force de distinction donne un caractère tragi-comique à la lutte désespérée de l’artiste pour ne pas être chosifiée, réduite à l’objet érotique (Narcisa n°16, 1996 ; N°14, 1996), ou à l’objet tout court (Manual de uso, n°20, 1997), prise au piège de son propre jeu. Œuvre d’art réduite en pièces, vendues à des propriétaires qui s’achètent, par ce biais, une distinction. En transmettant la série Más distinguidas à la danseuse Ruth Childs, La Ribot trouve une parade pour conjurer (temporairement) son sort d’artiste-Shéhérazade, à la fois qu’elle joue un nouveau tour à l’artiste-œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité.

La Ribot Ensemble
44, rue de la Coulouvrenière
1204 Genève
Suisse

+41 22 331 00 52
laribot.com

Aude Martino, Production
aude@laribot.com

Chorégraphie
La Ribot

Auteur·ices
La Ribot

Production
La Ribot Ensemble

Interprétation
Ruth Childs
Lumière
Eric Wurtz

Aucune représentation

Nidwalder Museum, Stans
17 décembre 2015

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