Simone, two, three, four
2b company
Mise en scène/chorégraphie:
Durée: minutes
Lieu et année de création: far° Nyon, Nyon – 2012
Simone glisse et s’effondre littéralement sur un trottoir à la sortie d’un café.
Tout en redéroulant les événements qui peu à peu ont mené Simone à la chute, Jean-Claude (Pierre Mifsud), Martine (Catherine Büchi) et Alejandra (Léa Pohlhammer) - trois protagonistes clé de sa vie - vont tout mettre en oeuvre pour sortir Simone de sa mauvaise passe.
Entretien avec F. Gremaud
Que raconte «Simone, two, three, four» ?
La pièce s’ouvre sur un constat : Simone va mal. Sur le plateau, deux personnages, rapidement rejoints par un troisième, se proposent de raconter la fable de Simone et de tout mettre en œuvre pour la sortir de sa mauvaise passe. Cependant, la manière qu’ils ont de mener la narration nous en apprend plus sur eux-mêmes que sur Simone.
Pourquoi ce choix ?
D’une certaine manière, toutes les histoires ont déjà été racontées. On ne cesse de décliner à l’infini des variations sur des mêmes thèmes. Ce qui m’intéresse, c’est pourquoi et comment racontent ceux qui racontent.
L’histoire de Simone: un prétexte ?
Non. Les «thèmes» abordés dans les fables des différents protagonistes ne sont pas anodins. Mais ce n’est jamais que de la matière, de la matière avec laquelle les comédiens façonnent le spectacle. Le spectacle, c’est beaucoup plus que l’histoire racontée, c’est la rencontre entre des êtres vivants de part et d’autre du plateau. D’une certaine manière, la fable est le terreau de cette rencontre.
Quelle est la méthode de travail ?
J’ai écrit une première version du texte sur la base de laquelle les comédiens ont accepté de rejoindre le projet. Pendant les répétitions, nous avons «trituré» le texte, nous l’avons épuisé afin de voir qu’est-ce qui résistait. Au fil des jours, des pans entiers ont été abandonnés, d’autres ont été réécrits, la matière n’a jamais cessé de se réinventer sur le plateau.
Denis Savary a signé la scénographie. Comment avez-vous travaillé ?
Sur la base du premier texte, Denis a imaginé une scénographie qui fonctionne comme un espace d’exposition. Puis il a proposé, au fil des répétitions, une série de «pièces» que les comédiens pouvaient activer ou non. De la même manière que pour le texte, quasi organiquement, seules les pièces «possibles» ont été retenues. Au final, les comédiens évoluent dans un espace singulier où tout est art. Même les éléments les plus banals sont détournés.
En quoi Simone s’inscrit-elle dans la suite du travail de la 2b company ?
Avec la 2b company — et avec ce spectacle — nous n’avons pas de message à transmettre. Juste des interrogations à partager. Une manière pour nous, très modestement, d’ouvrir des perspectives. La manière singulière que nous avons d’aborder la narration dans ce spectacle va dans ce sens.
D’une manière générale, quel genre de travail entends-tu faire ?
J’aime fouiller, chercher et prendre le risque de me perdre. Autrement dit, si je savais exactement dans quel sens aller, je n’éprouverais pas le besoin d’y aller. J’ai une formation théâtrale classique et des goûts scéniques résolument contemporains. Par mon travail avec la 2b company j’essaie de passer d’un genre à l’autre, m’interrogeant sans cesse sur la place de chacun (comédien, spectateur, metteur en scène…) dans le processus. Si je tends, spectacle après spectacle, vers mes goûts de spectateur, je sais que je ne peux pas faire l’économie du trajet. La nature des retours que j’ai reçus après «My Way», «Simone, two, three, four» et «KKQQ» me fait dire qu’il existe un public pour cheminer avec nous.