Elementen I - Room

Le projet ELEMENTEN est un projet qui englobe plusieurs créations à venir et qui doit son titre à lʼoeuvre Eléments du géomètre et mathématicien grec Euclide. « Je mʼinspire de cette œuvre dans la mesure où jʼutiliserai des principes géométriques pour régir les déplacements des danseurs, leurs positions dans lʼespace, lʼécriture du mouvement, le rythme des lumières, voire même pour induire la scénographie. Mais cet appui théorique ne concerne quʼune certaine couche de la création, chaque création du cycle ELEMENTEN aura un sous-titre qui convoquera lʼessence du projet. » ELEMENTEN I - Room « Je travaille beaucoup autour de la question des limites. Cette question sʼintroduit dans la création ELEMENTEN I - Room plus spécifiquement par le choix radical de la musique. Jʼai décidé de travailler sur I am sitting in a room dʼAlvin Lucier créé en 1996. ll sʼagit dʼun discours énoncé par le compositeur qui se répète, est enregistré et rediffusé jusquʼà ce que les fréquences naturelles et résonnantes de la chambre se renforcent et prennent le dessus sur lʼaspect concret de la voix et la compréhension des mots. Le focus se pose au niveau tautologique, le dispositif de ce discours répété encore et encore provoque une transformation progressive de celui-ci, il se désagrège jusquʼà mener à sa disparition. La répétition tend un fil autour duquel la perception voyage, varie sans cesse lʼambitus de son intensité et est forcée de se rendre actif, de regarder et voir, dʼécouter et entendre, de sentir et recevoir. On pourrait donc considérer que les limites convoquées dans ce travail se posent dans lʼespace commun entre lʼacteur scénique et le spectateur, respectivement émetteur et récepteur tautologiques... Au niveau du langage corporel, la dialectique des limites se situe dans ma résistance face à la virtuosité des danseurs afin de préserver ma conviction intime qui pose lʼœuvre au centre des deux parties et la leste de cette retenue qui permet de pousser les danseurs au-delà de leur capacités premières, dans des terrains inhabituels où un réel échange peut avoir lieu. La scénographie est constituée de deux éléments, un tapis de danse de 8x8, imprimé dʼune image inspirée par la spirale dʼUlam basée sur les nombres premiers et un objet lumineux dont les sources sont reliées à un logiciel qui interfère sur les intensités de lumière en relation avec le son ». Cindy Van Acker Rencontre avec Le Ballet de Lorraine « Lors de ma visite à Nancy, jʼai perçus les danseurs le temps dʼune journée, le temps dʼune Sounddance de Merce Cunningham, dʼune répétition à lʼopéra. Ce qui mʼa frappée cʼest lʼintensité du mouvement dansé. Elle dépasse la virtuosité, explose les formes, lʼintègre... On reste avec la pulvérisation de lʼénergie, la sensation qui résonne rétrospectivement est celle dʼune expérience moléculaire. Les mouvements, les enchainements chorégraphiques sont tellement intégrés que leur exécution en devient naturelle, évidente. Les danseurs ont une telle marge quʼils sʼamusent en répétant, ils vont à lʼessentiel et ce qui est superflu les distrait. Ils appellent à la corruption, provoquent mes limites car ils semblent ne pas en avoir. Pourrais-je les pousser à un endroit ou il existe une limite? ». Cindy Van Acker