Perplexe

Marius von Mayenburg écrit PERPLEXE en 2010. Il sagit là de sa 15ème pièce, la première quʼil met en scène lui-même à la Schaubühne à Berlin, où il travaille comme dramaturge aux côtés de Thomas Ostermeier. PERPLEXE, comme le suggère lʼétymologie du titre, est constitué dʼun enchevêtrement complexe de scènes, de discours et de méta-discours. Au fil du texte se produisent sans cesse des permutations dʼidentité et de situations suivant une logique associative. Une idée en amène une autre, transformant constamment les données de jeu. Comme dans une improvisation fleuve chaque nouvelle proposition de jeu devient aussitôt valable pour tous, même si elle transgresse les règles de vraisemblance et propulse alors acteurs et spectateurs dans une autre réalité. La pièce commence par le retour dʼun couple de vacanciers retrouvant leur chez-soi. Ils découvrent leur courrier, qui contient un étrange paquet. Ils sʼétonnent de ne pas retrouver leur appartement exactement dans le même état que lorsquʼils lʼont quitté, et en attribuent la faute au couple dʼamis venus arroser les plantes en leur absence. Le couple dʼamis apparaît alors, sorti on se sait dʼoù, et va prendre possession des lieux, chassant le premier couple. A partir de ce moment, la pièce part à la dérive : le couple chassé revient en jouant un fils et une jeune fille au pair, laquelle va se lier à lʼhomme de lʼautre couple, tout cela se déroulant soudain dans un appartement de location dʼune station de sports dʼhiver... Bref, impossible de résumer la quarantaine de scénettes, plus loufoques et surprenantes les unes que les autres, qui sʼenchaînent dans un apparent non-sens, pleines de rebondissement, et où lʼhumour surgit sans cesse ; on verra même un des comédiens vouloir recommencer la pièce, pour essayer de savoir ce que contient le paquet du début. La surprise va être de taille, et mettra littéralement fin à la représentation. Le théâtre nʼa plus de sens, le monde perd sa réalité, et aucun scénario nʼest plus capable de sauver le spectacle. Comme le dit lʼun des personnages : « Tout est mensonge... et le monde nʼest même pas un objet, mais juste de lʼinformation sur un objet, et même sur un objet qui nʼexiste pas, et ça cʼest le point décisif. » Les comédiens se retrouvent perdus dans une quête sans but, sans guide, à lʼimage des habitants du monde européen contemporain.