Perdre son sac

En septembre 2019, Perdre son sac était présenté à la Comédie de Genève dans une scénographie sophistiquée de Laurent Junod et Marie Bürgisser-Jacquier. Plus de deux ans après, Denis Maillefer redonne vie au projet en lʼimaginant dans un nouveau dispositif circulaire : des spectateurs et spectatrices formant un unique cercle. Parmi eux, se trouve une femme qui prend la parole, cʼest lʼactrice de la pièce. Cette recréation donne toute la place au texte et à la comédienne. Le spectacle peut se jouer dans nʼimporte quel espace fermé dans lequel sera disposée une quarantaine de chaises en rond. Il peut sʼinstaller dans les espaces publics dʼun théâtre comme dans des lieux non conventionnels faisant lʼobjet de projets de médiation culturelle. « Revenir au début. Un texte, une actrice. Une actrice au centre. Alors il y aura une actrice concrètement au centre dʼun cercle. Une trentaine/quarantaine de chaises disposées en cercle. Une salle fermée. La lumière de cette salle. Comme un de ces groupes de parole. Le public entre et sʼinstalle. Elle est parmi eux/nous. Et elle va parler la première, et raconter. Et ne plus sʼarrêter. Il nʼy a rien dʼautre quʼune salle ordinaire, juste son accessoire à elle, un balai télescopique pour nettoyer les vitres, son instrument de travail. Qui est posé contre un mur, et quʼelle désignera à quelques reprises. Elle parle, sʼexcuse parfois de sa fatigue, comme un aveu en direct qui brouille un peu le réel. Comme si lʼactrice sʼarrêtait et sʼexcusait de sa fatigue dʼactrice. Ce dispositif met en relief les aspérités et contradictions du personnage. Il sʼembrouille, revient en arrière, demande – indirectement – notre aide et notre empathie. Nous sommes avec elle parce que nous sommes naturellement – et réellement – avec elle dans tout ce quʼelle raconte. Tout ce quʼelle dit vise la fin. Attention, dit-elle à la fin, comme pour nous prévenir que ce qui lui arrive – exclusion sociale, confusion extrême – peut aussi nous arriver." Denis Maillefer