« J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du marché à la bonne meuf. » Pour son coup d’essai du côté de la mise en scène, la comédienne Emilie Charriot frappe là où ça fait mal en montant King Kong Théorie, le sulfureux « manifeste pour un nouveau féminisme » écrit il y a presque dix ans par la clivante et complexe Virginie Despentes. Et elle a eu raison.
Présenté en 2014 à l’Arsenic, King Kong Théorie est un texte qui ne doit pas être passé sous silence. Parce que les inégalités hommes-femmes ne se sont pas estompées mais sont juste devenues plus insidieuses. Parce que la parole de Virginie Despentes, impitoyable, permet le débat. Et parce que la mise en scène d’Emilie Charriot, dirigeant au millimètre la comédienne Julia Perazzini et la danseuse Géraldine Chollet, se montre aussi sobre que le texte est survolté. La charge n’en est que plus franche. Oui, parler sans filtre est parfois nécessaire.